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De l’impressionnisme au cubisme

De l’impressionnisme au cubisme

Les objets

Peinture
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Le portrait de l'oncle

1905

En 1900, Fernand Léger quitte sa Normandie natale pour vivre sa vocation de peintre à Paris. Admis à l’Ecole des Arts décoratifs, il suit en parallèle les cours de l’académie Julian. Le Portrait de l’oncle offre une image sans détour de son aïeul. La rigidité qui se dégage du sujet ainsi que sa pose frontale viennent renforcer la sévérité du personnage. Peut-être Léger cherchait-il à convaincre son oncle de ses capacités artistiques, lequel ne cessait de répéter à la mère de l’artiste : « Il faut le dresser dans le plus dur de la vie pour qu’il comprenne qu’il ne peut pas faire ce métier-là ». 

 

Légende : Fernand Léger, Le portrait de l'oncle, 1905, huile sur toile, 44 cm x 35 cm, musée national Fernand Léger, Biot. © RMN-GP / Gérard Blot © ADAGP, Paris, 2021.
Peinture
Fernand Léger, "Les fortifications d'Ajaccio", 1907, huile sur toile, 59 x 108 cm, musée national Fernand Léger. Photo : RMN-GP /Thierry Le Mage © ADAGP, Paris, 2020
Les fortifications d'Ajaccio

1907

Durant deux hivers, entre 1906 et 1908, Fernand Léger souffre d’une maladie pulmonaire et réside en Corse. Dans une lettre à son ami, l’artiste André Mare, il évoque la lumière si particulière de l’île : « Le soleil, dans ces patelins, c’est le roi ; une vibration intense – et nous sommes en décembre, remarque – une couleur brutale […] toujours large et simple. » Sur le vif, léger peint des paysages lumineux de Corse, dont les fortifications d’Ajaccio. C’est aussi l’occasion d’une véritable période de réflexion. Loin de Paris, il pratique et vérifie par lui-même la leçon des impressionnistes. Il assimile également les expérimentations de Paul Cézanne qui aura une influence décisive sur son œuvre.

Au Salon d’Automne de 1907, certains de ses paysages peints en Corse sont exposés à Paris lors de la grande rétrospective consacrée à Cézanne, décédé un an plus tôt. Les premières œuvres de Léger sont rares et par conséquent précieuses. En effet, il ne reste que peu de témoignages des débuts de l’artiste marqués par le néo-impressionnisme. Ayant par la suite considérablement évolué, Fernand Léger décide en effet de détruire la plupart des toiles de cette période : « Tout ce que j’ai produit de 1902 à 1908 a été détruit au fur et à mesure de la production. Cela a été la période la plus pénible de ma vie, période par où tous les peintres ont dû passer. Les périodes des influences, la transition de l’époque de création. »

Offerte par l’artiste au pasteur Lièvre en 1907 avant qu’il ne quitte l’île de Beauté, cette œuvre a heureusement échappé à la destruction. 

Achat à Leicester Galleries, Ltd en 2001

  Fernand Léger, Les fortifications d'Ajaccio, 1907, huile sur toile, 59 x 108 cm, musée national Fernand Léger, Biot. © RMN-GP / Thierry Le Mage © ADAGP, Paris, 2021.
Peinture
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Les Toits de Paris

1912

Acquis par dation, Centre Pompidou, Musée national d'Art Moderne-CCI, Paris. Inv AM-1985-400 Dépot Musée national Fernand Léger, Biot, mars 2011

 

 

Fernand Léger, Les Toits de Paris, 1912, huile sur toile, 90 x 64 cm, musée national Fernand Léger, Biot.  Photo : RMN-GP / Jacques Faujour © ADAGP, Paris 2021.
Peinture
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Esquisse pour la femme en bleu

1912

L'Esquisse pour la femme en bleu ouvre la période cubiste de l'artiste. La version définitive de cette œuvre est aujourd'hui conservée au Kunstmuseum de Bâle. La femme est au centre de la toile, de profil. Les larges aplats géométriques colorés de bleu, blanc, noir ou rouge sont essentiellement là pour donner un rythme à la composition. Parmi ces grandes formes, nous distinguons un réseau de petits éléments enchevêtrés, reliés par une structure de lignes noires. Des objets identifiables s’en détachent : à gauche, une torsade verticale évoque le pied d’un fauteuil et à droite le verre constitué un indice réel replaçant la femme dans un contexte identifiable. Cette esquisse est très organisée et chaque élément y tient une place précise afin de créer une œuvre la plus équilibrée possible. 

Léger cherche à se dégager du motif pour aller vers une abstraction de plus en plus présente. Les cubistes se livrent entre eux à une véritable bataille à propos de la couleur : à la différence de Georges Braque ou de Pablo Picasso, qui utilisent des camaïeux de beige et de gris, Léger privilégie les juxtapositions de couleurs franches. Entre 1909 et 1912, il entend mener avec Robert Delaunay la bataille de la couleur libre « tout en ordonnant la confrontation des formes et des lignes ». C’est donc sur la notion de contraste que Fernand Léger s’appuie progressivement pour bâtir son langage de peintre. 

Donation Nadia Léger et Georges Bauquier, 1969 Musée national Fernand Léger Inv. MNFL  96005

 

Fernand Léger, Esquisse pour la femme en bleu, 1912, huile sur toile, 131 x 99,1 cm, donation de Nadia Léger et de Georges Bauquier, musée national Fernand Léger, Biot. © RMN-GP / Gérard Blot © ADAGP, Paris, 2021.
Peinture
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Contrastes de formes

1913

En 1913, Fernand Léger signe un contrat avec le collectionneur et marchand Daniel-Henry Kahnweiler. C’est à cette période qu’il réalise ce Contrastes de formes dans lequel il abandonne toute référence à la réalité. Le parti pris esthétique de cette œuvre est le contraste qui s’opère par la couleur et qui s’intensifie par le dessin et par la forme. Les contrastes, les formes et les couleurs offrent ainsi plusieurs sens de lecture. Léger recherche la force visuelle et non l’émotion. Il applique les préceptes de Cézanne : « Il faut traiter la nature par le cylindre, la sphère et le cône ». Poussant à leur paroxysme les conseils du maître, Léger finit par s’en détacher en réduisant le motif pour n’en retenir que les formes géométriques essentielles. Le sujet s’efface au profit de sa valeur plastique, la composition devient plus abstraite. 

Cet abandon du sujet ne se fait pas sans peine ; ces quelques mots traduisent ses états d’âme : « En 1912-1913, ça a été une bataille pour quitter Cézanne. L’emprise était si forte que pour m’en dégager j’ai dû aller jusqu’à l’abstraction. »   

  Fernand Léger, Contrastes de formes, 1913, huile sur toile, 46 cm x 55 cm, donation de Nadia Léger et de Georges Bauquier, musée national Fernand Léger, Biot. © RMN-GP / Gérard Blot © ADAGP, Paris, 2021.