Durant deux hivers, entre 1906 et 1908, Fernand Léger souffre d’une maladie pulmonaire et réside en Corse. Dans une lettre à son ami, l’artiste André Mare, il évoque la lumière si particulière de l’île : « Le soleil, dans ces patelins, c’est le roi ; une vibration intense – et nous sommes en décembre, remarque – une couleur brutale […] toujours large et simple. » Sur le vif, léger peint des paysages lumineux de Corse, dont les fortifications d’Ajaccio. C’est aussi l’occasion d’une véritable période de réflexion. Loin de Paris, il pratique et vérifie par lui-même la leçon des impressionnistes. Il assimile également les expérimentations de Paul Cézanne qui aura une influence décisive sur son œuvre.
Au Salon d’Automne de 1907, certains de ses paysages peints en Corse sont exposés à Paris lors de la grande rétrospective consacrée à Cézanne, décédé un an plus tôt. Les premières œuvres de Léger sont rares et par conséquent précieuses. En effet, il ne reste que peu de témoignages des débuts de l’artiste marqués par le néo-impressionnisme. Ayant par la suite considérablement évolué, Fernand Léger décide en effet de détruire la plupart des toiles de cette période : « Tout ce que j’ai produit de 1902 à 1908 a été détruit au fur et à mesure de la production. Cela a été la période la plus pénible de ma vie, période par où tous les peintres ont dû passer. Les périodes des influences, la transition de l’époque de création. »
Offerte par l’artiste au pasteur Lièvre en 1907 avant qu’il ne quitte l’île de Beauté, cette œuvre a heureusement échappé à la destruction.
Achat à Leicester Galleries, Ltd en 2001
Fernand Léger, Les fortifications d'Ajaccio, 1907, huile sur toile, 59 x 108 cm, musée national Fernand Léger, Biot. © RMN-GP / Thierry Le Mage © ADAGP, Paris, 2021.