Après l’exposition « Léger et le cinéma », les œuvres reviennent sur les cimaises du musée national Fernand Léger! Tableaux, dessins, céramiques et tapisseries seront présentés selon un accrochage thématique et inédit, centré sur le paysage dans l’œuvre de Fernand Léger (1881-1955). Cette exposition est aussi l’occasion de présenter pour la première fois quelques-unes des acquisitions récentes du musée, une collection qui s’enrichit régulièrement.
En octobre 1954, Léger et son ami le poète Blaise Cendrars, se rencontrent à la galerie Louis Carré pour enregistrer une conversation croisée à l’occasion de l’exposition « Le Paysage dans l’œuvre de Fernand Léger ». À partir de ce document rare, l’exposition explore la façon dont ce thème nourrit les recherches plastiques du peintre tout au long de sa vie.
Dès ses débuts, Fernand Léger bouscule et remet en question les genres traditionnels de la peinture. Il ne cesse de pratiquer le paysage avec lequel il développe un rapport ambivalent, entre héritage de la tradition picturale et quête de modernité. Léger affranchit le paysage de sa définition classique : il s’emploie à le renouveler en y introduisant des fragments de modernité - signaux urbains ou industriels - observés dans son environnement immédiat. Grâce à des jeux de formes abstraites, des aplats de couleurs ou l’emploi de signes typographiques, il rend compte de l’industrialisation croissante de la campagne française mais aussi de la géométrie des villes américaines.
À côté de sa fascination pour l’émergence de la ville moderne, Léger reste attaché aux éléments naturels et à la représentation d’une certaine ruralité. Les paysages lui rappellent avec nostalgie la ferme normande de son enfance tandis que ses séjours dans la campagne de Rouses Point, lors de son exil aux États-Unis, lui inspirent un répertoire inédit de formes, point de départ de sa série des Paysages américains. Au contact de la nature, Léger sélectionne des éléments - branches, racines, fleurs - qu’il saisit parfois sur le motif, à la manière des impressionnistes. Isolés, vus en gros plans, fragmentés ou recomposés, ils acquièrent une valeur artistique car Léger s’attache à en souligner la beauté formelle.
Fernand Léger déploie aussi dans l’espace public des œuvres monumentales où il investit littéralement le paysage. Au théâtre, celui-ci devient « décor mobile » tandis que dans l’architecture, les compositions colorées et contrastées de Léger contribuent à façonner le paysage du XXe siècle. Les façades du musée, avec leurs couleurs éclatantes qui imprègnent la nature méditerranéenne, en sont un témoignage actuel et vivant.