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Le Cantique des Cantiques

Au sein du Message Biblique, Le Cantique des Cantiques regroupe cinq toiles qui évoquent le célèbre poème de la Bible.

Malgré sa dimension charnelle, ce chant d'amour qui passe pour avoir été écrit par Salomon, a été intégré dans le canon biblique, si bien que les Juifs en ont fait le symbole de l’alliance entre Dieu et son peuple et les chrétiens, le chant d’amour entre Dieu et son Eglise.

Un camaïeu de rouge et de rose évoque la douceur de la chair et la sensualité, mais aussi celle du sang, rappelant ainsi la violence de l’histoire biblique et celle du héros choisi par Chagall, David : pour s’approprier Bethsabée, il envoie au combat le mari de celle-ci pour le faire mourir. Les compositions sont structurées autour de formes arrondies qui portent le regard du visiteur d'un tableau à l'autre.

Chagall réussit à rendre sensible les trois dimensions du Cantique : musicale, sacrée et charnelle.

Les objets

Peinture
 Marc Chagall, Le Cantique des Cantiques I, 1960, huile sur papier entoilé, 146,5 cm x 171,5 cm, donation Marc et Valentina Chagall, 1966, musée national Marc Chagall, Nice. Photo © RMN-GP / Gérard Blot © ADAGP, Paris, 2020.
Le Cantique des Cantiques I

1960

Le couple enlacé, ici en bas à droite, figure sur tous les tableaux. Les gazelles jaune et bleu visibles en haut, à gauche,  évoquent ce verset teinté d’érotisme du Cantique des Cantiques : « Tes deux seins sont comme deux faons/ Comme les jumeaux d'une gazelle/ Qui paissent au milieu des lis. ».

David n'est pas représenté, mais sa présence suggérée par deux allusions :  son trône dans l’angle droit de la toile et à gauche, un oiseau jouant de la lyre, instrument favori de ce roi.

 

Verticalement le long de la marge droite du tableau figure une ville plongée dans l’obscurité et la silhouette d’une jeune femme nue : dans le Cantique des Cantiques, la fiancée recherche son bien-aimé dans les rues de Jérusalem, la nuit.

    Légende : Marc Chagall, Le Cantique des Cantiques I, 1960, huile sur papier entoilé, 146,5 cm x 171,5 cm, donation Marc et Valentina Chagall, 1966, musée national Marc Chagall, Nice. Photo © RMN-GP / Gérard Blot © ADAGP, Paris, 2020.
Peinture
Marc Chagall, Le Cantique des Cantiques II, 1957, huile sur toile, 139 cm x 164 cm, donation Marc et Valentina Chagall, 1966, musée national Marc Chagall, Nice. Photo © RMN-GP / Gérard Blot © ADAGP, Paris, 2020.
Le Cantique des Cantiques II

1957

La plupart des figures présentes dans le premier tableau du cycle sont reprises dans les toiles suivantes : la jeune femme, ici seule, nue, allongée sur une palme au dessus de la ville de Jérusalem, David, ici volant près de son trône, en haut à droite, sous la forme d’un oiseau puisque sa musique évoque celle des oiseaux et des anges. An centre du tableau, la tête d'homme rappelle les nombreux autoportraits de Chagall, qui, pour manifester à quel point il se reconnaît dans les versets du Cantique des Cantiques, apparaît dans plusieurs des tableaux.

 

Légende : Marc Chagall, Le Cantique des Cantiques II, 1957, huile sur toile, 139 cm x 164 cm, donation Marc et Valentina Chagall, 1966, musée national Marc Chagall, Nice. Photo © RMN-GP / Gérard Blot © ADAGP, Paris, 2020.
Peinture
8
Le Cantique des Cantiques III

1960

La composition, construite sur trois grandes formes rondes qui évoquent évidemment des seins et un ventre de femme, est également coupée en deux par une ligne d'horizon qui délimite deux parties bien distinctes. Chagall semble avoir voulu raconter son histoire dans ce tableau : la représentation de Jérusalem, au centre, est double : en haut, la ville ressemble à la vision de Saint-Paul-de-Vence, avec ses remparts. En bas et à l'envers, il s'agit bien de Vitebsk, reconnaissable au sanctuaire au toit vert qui la surmonte. Toute la partie inférieure du tableau, à l'envers, évoque ainsi la jeunesse de l'artiste : le Juif errant, portant son sac sur l'épaule, parle de ses exils, le couple enlacé le long du bord inférieur, c'est celui qu'il a formé avec Bella, désormais couchée sous la terre. La partie haute serait alors un hymne à sa nouvelle vie dans le Sud de la France, et le couple en mariés sous le dais rappelle son deuxième mariage avec Vava, à qui est dédié le cycle.

 

Légende : Marc Chagall, Le Cantique des Cantiques III, 1960, huile sur toile, 149 cm x 210 cm, donation Marc et Valentina Chagall, 1966, musée national Marc Chagall, Nice. Photo © RMN-GP / Gérard Blot © ADAGP, Paris, 2020.
Peinture
1
Le Cantique des Cantiques IV

1958

Reprise d'un des décors pour le ballet Aleko, la composition met en scène David et Bethsabée enlacés sur le dos d’un cheval ailé survolant la ville de Jérusalem. La couleur du visage de David pourrait illustrer le dicton yiddish "être vert d’émotion".

Le cheval tient une place centrale dans la composition et peut avoir plusieurs sens : il incarne la force de l’amour humain, capable de s’élever jusqu’au divin , mais aussi la puissance du désir et de l’amour charnel. Il est enfin Pégase, le cheval ailé de la mythologie grecque, symbole de la poésie. L'effet de comète produit par le traitement de la traîne de la robe de mariée contribue au dynamisme de la composition.

 

Légende : Marc Chagall, Le Cantique des Cantiques IV, 1958, huile sur papier entoilé, 144,5 cm x 210,5 cm, donation Marc et Valentina Chagall, 1966, musée national Marc Chagall, Nice. Photo © RMN-GP / Gérard Blot © ADAGP, Paris, 2020.
Peinture
2
Le Cantique des Cantiques V

1965-1966

La composition s’organise autour de deux collines. Chacune d’elles évoque une ville : à droite, la ville natale de Chagall, Vitebsk toujours reconnaissable par la présence de la cathédrale au dôme vert qui la surmonte et à gauche, Jérusalem. Pour éviter toute confusion, l’artiste a représenté, à l’extrême gauche, le trône du roi David entouré des lions de la tribu de Judas sur lequel est inscrit « Jérusalem » en hébreu.

Dans un ciel surpeuplé de figures dansantes figure un soleil aux couleurs éclatantes, en forme d'étoile de David. Celui-ci domine la partie gauche de la toile. Sa longue silhouette violette est surmontée d’une tête d’oiseau car son chant évoque celui des oiseaux et des anges. Il avance dans le ciel vers une mariée entourée de fleurs et de fruits, promesses de descendance. La représentation, non réaliste, donne aux personnages les plus importants une taille supérieure aux autres.

 

Légende : Marc Chagall, Le Cantique des Cantiques V, 1965-1966, huile sur papier entoilé, 150 cm x 226 cm, donation Marc et Valentina Chagall, 1966, musée national Marc Chagall, Nice. Photo © RMN-GP / Gérard Blot © ADAGP, Paris, 2020.