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Sur le mur en face, Picasso a peint La Paix. L’ensemble se lit de droite à gauche. La première scène se compose de quatre personnages qui, dans un jardin aux couleurs tendres et reposantes, s’adonnent à des activités paisibles. Une femme, tout en lisant, allaite son enfant, sous une treille abondante, un oursin solaire aux rayonnements abondants et colorés et un arbre aux fruits lumineux.

Au symbole riche et généreux de la maternité s’ajoute celui de la culture libératrice, mise à mal, nous l’avons vu, dans le panneau opposé. Dans un vaste pan de couleur bleue qui occupe une grande partie du mur, cohabitent plusieurs scènes, toutes empreintes d’une joie exubérante. Un cheval blanc tire une herse tenue par un enfant qui travaille ce champ bleu azur. Le regard du petit laboureur est dirigé vers le groupe précédent et, autre image de fertilité, fait lien lui. L’animal est ailé comme ceux qui figurent dans la mythologie grecque. Vivement appréciée par Picasso, la figure du Centaure apparaît régulièrement dans les peintures de cette époque. Le faune joueur de diaule, que nous voyons dans l’oeuvre, à l’extrême gauche du panneau, est aussi souvent convoqué.

C’est au son de sa musique que dansent, au centre, les deux femmes nues. Elles sont accompagnées dans leur évolution par deux autres enfants dont le jeu agile et léger ne cache pas une certaine espièglerie. Les oiseaux dans le bocal et les poissons dans la cage évoquent le renversement amusé des éléments qui, dans ce cadre édénique enchanteur, ne sont ici nullement porteurs de malédictions. Même la chouette – figure habituelle de la nuit noire et profonde – juchée sur la tête de l’enfant équilibriste, ne saurait tenir son rôle habituellement maléfique. Elle trouve une sorte de pendant positif dans les formes de la grappe de raisin que l’autre enfant tient dans sa main gauche.

Enfin, autres indices intéressants, le petit sablier à l’extrémité du support blanc, en équilibre sur le doigt de la femme, relaie l’image du temps visible dans la spirale de la coquille sur laquelle est assis le musicien. Linéaire, précaire et limité, le temps des hommes, semble ainsi, en cette joie de vivre communicative, s’inscrire dans l’éternité.

 


Pablo Picasso, La Paix, 1952. Huile sur bois, isorel, 4,70 m x 10,20 m, musée national Pablo Picasso, La Guerre et la Paix. Photo © RMN-GP © succession Picasso, 2021.